vendredi 10 octobre 2008

sprint final

De retour a Mumbai la magnifique pour 2 jours intenses d'Inde avant le depart pour Montreal la merveilleuse. Les derniers concerts a Mysore et Panjim (Goa) furent tres satisfaisant, surtout Panaji avec son piano Steinway D (le meilleur au monde) flambant neuf et sa salle de concert arborant une acoustique superbe. Il faut dire que la possibilite d'aller se prelasser sur des plages paradisiaques pre et post concert n'est pas negligeable. De nombreux coups de soleil temoignent d'une douce affection pour la longue baignade en eau salee...

A venir dans les prochaines 48 heures, deux concerts avec Zubin Mehta et le philharmonique d'Israel, ainsi que Placido Domingo.

Au revoir,

Mathieu

dimanche 5 octobre 2008

Notre poete a nous

Richard Desjardins

Lettre ouverte

Journal de Montréal27/09/2008 08h43Richard Desjardins© Le Journal

À moins de cataclysme, les conservateurs vont sortir majoritaires aux élections. C'est l'arrivée sur la plage d'une lame de fond qui se prépare depuis longtemps. De longues années, les libéraux ont pu gouverner sans l'Ouest, jusqu'à en devenir arrogants pour tous. Le scandale des commandites en est l'illustration précise. On dirait que la population juge qu'ils n'ont pas été assez punis. Et ce n'est pas l'arrivée d'un scout vertueux à leur tête qui va changer quelque chose. Sa loi sur la clarté, il va la payer. Aujourd'hui, il n'y a pas encore une seule pancarte libérale à Rouyn-Noranda.On aime ça, nous, des «chefs», des «quelqu'un-qui-sait-où-c'qui-s'enva». Alors là, on va être servis. Harper va évidemment faire le plein des voix chez lui, dans l'Ouest, et ramasser les votes de droite de l'Est du pays qui se terrent dans tous les partis. Ceux qui sont tannés d'entendre parler «social, environnemental, culturel» et qui se sentaient un peu coincés dans cette gang de sciences humaines pas d'maths, eh bien, ils vont se défouler. (En fait, tout a commencé avec la publication du fameux code de vie d'Hérouxville qui interdit la lapidation des femmes adultères mais ne semble pas proscrire l'inceste. Ni les coupes à blanc, ni les mégaporcheries.)Aujourd'hui, ce qu'on veut, c'est de l'économique vaporisée d'eau bénite! Vous les avez vus émerger dans la campagne électorale, ce monseigneur, ce cardinal, aux prises avec d'innombrables dossiers de pédophilie dans le placard et qui prétendent vouloir régenter les règles sexuelles du bon peuple? Encore la semaine passée, sur le portail Internet de l'Archevêché de Montréal, il était écrit à la rubrique de la pensée du jour: «Le silence est le plus beau bijou de la femme, mais elle ne le porte pas souvent.»Le phénomène est d'ailleurs répandu dans à peu près tout l'Occident. Les Italiens ont élu Berlusconi, une crapule financière notoire, propriétaire de chaînes de télé majeures. Le nouveau président français Sarkozy est devenu le caniche du pape et festoie ouvertement avec les richissimes de son pays. Il appelle son mouvement la «droite décomplexée».Et la droite décomplexée, ça sort la strap. Ça met en prison pour la vie des kids de quatorze ans qui ont perdu la tête à un moment donné. Ça laisse un ressortissant juvénile canadien se faire juger en cour martiale américaine à Guantanamo. On a senti la virulence de cette droite dans l'affaire des «Artisses». Alors qu'il sait très bien que 80% des artistes ne gagnent pas 20 000 $ par année, Harper continue de justifier sa coupure de 45 millions en affirmant qu'il n'a pas à payer des robes de gala. Or, ce sont des écoles de formation - multiplicatrices de jobs - qui passent à la trappe. Mais varger sur ce petit groupe bruyant et qui ne votera jamais pour lui, c'est winner, ça permet d'aller chercher ces précieux votes qui lui manquent pour obtenir la majorité et aussi, ça fait oublier qu'au même moment où sa ministre faisait la job de bras dans les subventions, il achetait des hélicoptères militaires (292 M$) pour continuer sa guerre dont la majorité de la population ne veut pas.Au fait, on n'en parle plus beaucoup de la guerre en Afghanistan. J'aurais une question comme ça en passant: Si la mission est d'aller rétablir la démocratie là-bas, pourquoi on n'attaque pas le Soudan, le Zimbabwe, l'Arabie saoudite, la Birmanie, la Chine et la Russie?Soyons sérieux. Parlons d'économie maintenant puisqu'on arrive en fin de campagne. Parce qu'au fond, comme j'ai entendu dire cette semaine, ce n'est pas l'environnement qu'on veut réellement sauver, mais les jobs.Comme si ces réalités n'étaient pas reliées. Pour simple exemple, l'extraction massive du pétrole bitumineux d'Alberta acidifie tout le territoire canadien à l'est. De cela, pas un mot. Des jobs, des jobs, tousuite pis là. J'ai fait une tournée cet été au Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord: alumineries, papetières, grosses scieries, mines de fer, puis chez moi, fonderie de cuivre. La presque totalité de ces entreprises sont désormais sous contrôle étranger. À Fermont, ce sont des Indiens qui engrangent un million par jour de profit. Pas des Indiens de Betsiamites, des Indiens des Indes. À Rouyn-Noranda, ce sont des intérêts suisses allemands qui ronnent la bizness. Tout ce qui reste de ressources naturelles est américain. Sauf l'Hydro. Fiou! Thank you René.Et quand profit il y a, la porte de l'évasion fiscale reste grande ouverte: des montants astronomiques, dont une seule miette récupérée suffirait à maintenir de très bons budgets culturels! Cette grande dépossession généralisée devrait pourtant constituer le coeur du débat électoral canadien. On dirait que tous les chefs de parti ont l'air sonnés devant le phénomène. Et moi aussi.Plus Bush que Bush, Harper, majoritaire, va légiférer sans cesse en fonction de ses intérêts immédiats: ceux de la Chambre de commerce du pétrole de Calgary. Bloquons lui la route et construisons la nôtre. Malgré le PQ, complètement perdu dans son suicide.Il se présente à Val-d'Or, ce Harper, lundi soir à 17 heures, au Forestel. J'invite toute la population de la région à lui barrer le chemin. Pour la première fois.

vendredi 3 octobre 2008

Histoires de train

Sur la plate-forme de la station de Bangalore, le train pour Mysore est en retard. L'impatience de la foule parait seulement lorsque le train entre en gare: les gens se poussent, accrochent les poignees des portes meme si le monstre d'acier n'a pas totalement termine son arret. Puis, on assiste au plus beau phenomene d'entonnoir humain imaginable. Tout pres, un homme engeule sa femme sans menagement parce qu'elle essaie desesperement de se frayer un chemin dans le wagon no. 3 alors qu'ils ont un ticket pour le 8. Normalement les trains se positionnent d'une facon previsible. Celui-ci a rate son coup de 5 wagons, creant ainsi une superbe cohue.

D'une position strategique en retrait, on se demande s'il va falloir passer son tour. Surement il ne restera plus de place, malgre une reservation en bonne et due forme. Pourtant, quand finalement on parvient a atteindre son siege, on s'apercoit qu'il y a encore tout plein de place!

La fille assise en face, accompagnee de ses parents, partage un bon rire. "Indians are very indisciplined. Too many of us" dit-elle joyeusement. Sa famille vit a Chennai et vient a Mysore visiter la famille. Ils sont chretiens, comme beaucoup d'Indiens meridionaux. Ils sont tres sympathiques, rieurs, et genereux. Aussitot que le train quitte la gare, ils demandent si on a mange, pour immediatement offrir un des trois diners qu'ils ont achete a la gare. La joie d'accepter est bonifiee par le succulent chutney a la noix de coco que la mere a apporte dans ses bagages.

Parlant de noix de coco, a-t-il ete dit sur ce blog que l'eau de coco, qui dort dans l'enorme fruit, enfermee dans sa grotte secrete, jusqu'au moment ou d'agiles et impatients vendeurs la decapite de grands coups de machette, est un des grands grands plaisirs de ce voyage. C'est rafraichissant, doux, legerement sucre, desalterant, amusant a boire car on se prend une minute pour tarzan, avec cet enorme objet dans les mains. On sent litteralement la sante nous envahir avec chaque gorgee.

La nuit d'avant, autre train, de Pune a Bangalore. Les trains sont merveilleux. Ce roulement reconfortant, qui ne donne jamais mal au coeur. L'inexorabilite des rails. Et la communaute. Un des acteurs les plus importants de ce spectacle est le vendeur de the, clone en plusieurs exemplaires. Transportant un gros thermos d'eau chaude auquel a ete ajoute un peu de lait et beaucoup de sucre, un sac de petites tasses de carton d'environ 100 ml et des sachets de the, ils se promenent l'un apres l'autre dans les wagons en criant d'une voix tres nasillarde et assez forte: Chaaaaaaiiiiiiiii, coooooffeeeeee, chaaaaaaiiiiiiiii.

Si l'on n'a pas consomme pendant un lapse de temps juge trop long (de 1 a 3 heures), ils s'arretent, vous devisagent en criant plus fort chaaaaaiiiii (d'un vois tres nasillarde).

Ils rythment la vie du train. Quand on ne les entend plus, c'est l'heure de dormir. Quand on les reentend, c'est qu'ils vous ont reveille. Ils n'ont jamais de change (comme d'ailleurs les rickshaws) et accueillent votre billet de 50 Rs avec un long soupir de martyr, au passage vous suggerant d'en acheter 10 tasses a 5 Rs.

Sur le train Pune-Bangalore, un couple dans la quarantaine, une jeune etudiante en soins infirmiers et un sympathique tibetain completent l'espace a partager durant environ 24 heures. Encore une fois, partage, sourires timides, questions naives, decouverte de l'etranger. Toujours a recommencer, mais toujours nouveau. La jeune femme offre des chapatis faits par sa mere. Ce sont des crepes epaisses de farine de ble sans levain. Delicieux. L'occasion de lui donner un coup de main se presente a l'arrivee, car il faut traverser une haute passerelle pour rejoindre la gare. Je lui sers donc de Coolie, pendant qu'un vrai coolie s'occupe de mon elephantesque valise...

Quant aux mendiants, ils sont partout, toujours, sous de multiples formes. Dans le train, on a l'enfant bleme les yeux vitreux, en guenilles, qui a quatre pattes sur le plancher infect (ou on trouve coquerelles ET rats) balaient les dechets des passageurs et au passage demandent l'aumone. On a la femme qui distribue des papiers disant qu'elle est en pelerinage pour un Guru X. On a les enfants qui font des acrobaties de cirque et se ruinent le dos. On a les mutiles de toutes sortes, plus de mains, plus de jambes, plus d'yeux, ou un melange de ces choix.

Curieusement, on a aussi des femmes tres sexy, genre prostituees, qui extremement agressivement tapent fort dans leurs mains, vous accrochent les bras, vous tirent les cheveux, frappent meme parfois certains passagers (toujours les hommes), arborant un air de "comme on ass hole, give me something, I know you're a bastard". C'est vraiment bizarre.

Puis, le comble de l'etrange, considerant qu'on est en Inde, sont ces memes femmes mais travesties. Des hommes en Saree quoi.



mercredi 1 octobre 2008

Precher aux sympathisants...

Un site qui pourrait changer votre vie: http://www.whatisstephenharperreading.ca/
Merci a Yann Martel, un vrai heros contemporain, un mystique, un illumine, un idealiste.

Aussi:

MARGARET ATWOOD
From Thursday's Globe and MailSeptember 24, 2008 at 11:00 PM EDT
What sort of country do we want to live in? What sort of country do we already live in? What do we like? Who are we?At present, we are a very creative country. For decades, we've been punching above our weight on the world stage - in writing, in popular music and in many other fields.Canada was once a cultural void on the world map, now it's a force. In addition, the arts are a large segment of our economy: The Conference Board estimates Canada's cultural sector generated $46-billion, or 3.8 per cent of Canada's GDP, in 2007. And, according to the Canada Council, in 2003-2004, the sector accounted for an "estimated 600,000 jobs (roughly the same as agriculture, forestry, fishing, mining, oil & gas and utilities combined)."But we've just been sent a signal by Prime Minister Stephen Harper that he gives not a toss for these facts. Tuesday, he told us that some group called "ordinary people" didn't care about something called "the arts." His idea of "the arts" is a bunch of rich people gathering at galas whining about their grants. Well, I can count the number of moderately rich writers who live in Canada on the fingers of one hand: I'm one of them, and I'm no Warren Buffett. I don't whine about my grants because I don't get any grants. I whine about other grants - grants for young people, that may help them to turn into me, and thus pay to the federal and provincial governments the kinds of taxes I pay, and cover off the salaries of such as Mr. Harper. In fact, less than 10 per cent of writers actually make a living by their writing, however modest that living may be. They have other jobs. But people write, and want to write, and pack into creative writing classes, because they love this activity – not because they think they'll be millionaires.Every single one of those people is an "ordinary person." Mr. Harper's idea of an ordinary person is that of an envious hater without a scrap of artistic talent or creativity or curiosity, and no appreciation for anything that's attractive or beautiful. My idea of an ordinary person is quite different.Human beings are creative by nature. For millenniums we have been putting our creativity into our cultures - cultures with unique languages, architecture, religious ceremonies, dances, music, furnishings, textiles, clothing and special cuisines. "Ordinary people" pack into the cheap seats at concerts and fill theatres where operas are brought to them live. The total attendance for "the arts" in Canada in fact exceeds that for sports events. "The arts" are not a "niche interest." They are part of being human.Moreover, "ordinary people" are participants. They form book clubs and join classes of all kinds - painting, dancing, drawing, pottery, photography - for the sheer joy of it. They sing in choirs, church and other, and play in marching bands.Kids start garage bands and make their own videos and web art, and put their music on the Net, and draw their own graphic novels. "Ordinary people" have other outlets for their creativity, as well: Knitting and quilting have made comebacks; gardening is taken very seriously; the home woodworking shop is active. Add origami, costume design, egg decorating, flower arranging, and on and on ... Canadians, it seems, like making things, and they like appreciating things that are made.They show their appreciation by contributing. Canadians of all ages volunteer in vast numbers for local and city museums, for their art galleries and for countless cultural festivals - I think immediately of the Chinese New Year and the Caribana festival in Toronto, but there are so many others. Literary festivals have sprung up all over the country - volunteers set them up and provide the food, and "ordinary people" will drag their lawn chairs into a field - as in Nova Scotia's Read by the Sea - in order to listen to writers both local and national read and discuss their work. Mr. Harper has signalled that as far as he is concerned, those millions of hours of volunteer activity are a waste of time. He holds them in contempt.I suggest that considering the huge amount of energy we spend on creative activity, to be creative is "ordinary." It is an age-long and normal human characteristic: All children are born creative. It's the lack of any appreciation of these activities that is not ordinary. Mr. Harper has demonstrated that he has no knowledge of, or respect for, the capacities and interests of "ordinary people." He's the "niche interest." Not us.It's been suggested that Mr. Harper's disdain for the arts is not merely a result of ignorance or a tin ear - that it is "ideologically motivated." Now, I wonder what could be meant by that? Mr. Harper has said quite rightly that people understand we ought to keep within a budget. But his own contribution to that budget has been to heave the Liberal-generated surplus overboard so we have nothing left for a rainy day, and now, in addition, he wants to jeopardize those 600,000 arts jobs and those billions of dollars they generate for Canadians. What's the idea here? That arts jobs should not exist because artists are naughty and might not vote for Mr. Harper? That Canadians ought not to make money from the wicked arts, but only from virtuous oil? That artists don't all live in one constituency, so who cares? Or is it that the majority of those arts jobs are located in Ontario and Quebec, and Mr. Harper is peeved at those provinces, and wants to increase his ongoing gutting of Ontario - $20-billion a year of Ontario taxpayers' money going out, a dribble grudgingly allowed back in - and spank Quebec for being so disobedient as not to appreciate his magnificence? He likes punishing, so maybe the arts-squashing is part of that: Whack the Heartland.Or is it even worse? Every budding dictatorship begins by muzzling the artists, because they're a mouthy lot and they don't line up and salute very easily. Of course, you can always get some tame artists to design the uniforms and flags and the documentary about you, and so forth - the only kind of art you might need - but individual voices must be silenced, because there shall be only One Voice: Our Master's Voice. Maybe that's why Mr. Harper began by shutting down funding for our artists abroad. He didn't like the competition for media space.The Conservative caucus has already learned that lesson. Rumour has it that Mr. Harper's idea of what sort of art you should hang on your wall was signalled by his removal of all pictures of previous Conservative prime ministers from their lobby room - including John A. and Dief the Chief - and their replacement by pictures of none other than Mr. Harper himself. History, it seems, is to begin with him. In communist countries, this used to be called the Cult of Personality. Mr. Harper is a guy who - rumour has it, again - tried to disband the student union in high school and then tried the same thing in college. Destiny is calling him, the way it called Qin Shi Huang, the Chinese emperor who burnt all records of the rulers before himself. It's an impulse that's been repeated many times since, the list is very long. Tear it down and level it flat, is the common motto. Then build a big statue of yourself. Now that would be Art!Adapted from the 2008 Hurtig Lecture, to be delivered in Edmonton on Oct. 1

lundi 29 septembre 2008

Pune ça pue encore

Un des meilleurs petits plaisirs de l'Inde: un lassi à la Papaye (yogourt Nature avec de la purée de Papaye), surtout en lendemain de show, reprenant son souffle, doucement.

Hier la soirée s'est transformée en une autre réception mondaine, encore une fois ou tous avaient 50 ans et plus, sans exception. J'ai malheureusement l'impression que je devrai choisir: la musique classique, ou le fan club jeunesse. Heureusement, mes habiletés à la guitare progressent de façon constante. C'est mon seul espoir. Et j'ai au moins une chanson d'écrite déjà. Ha ha.

"Peut-être un jour viendra
Ou je marcherai sur l'eau
En attendant je laisse mes pas
Dans l'argile près des oiseaux"

Ha ha

Ces réceptions, comme beaucoup de choses dans la vie, éveillent invariablement des sentiments contradictoires. D'abord, un sentiment de répulsion envers ce luxe se présentant sous forme d'autos aux bancs de cuir ou on attrape le rhume par air climatisé (Never mind ce qu'on apprend en médecine: ma grand-mère m'assure qu'voir froid donne le rhume), ces servants hindous qui préparent la nourriture, apportent les cocktails sur des plateaux, ouvrent les portes, retiennent les chiens féroces qui gardent la propriété, le tout dans une réception parsie.

Puis, la conversation. Il y a le pire, malheureusement - À quel âge as-tu commencé, is it very cold in Canada, let me tell you about my passion for jewels, comment fais-tu pour concilier les deux, que feras-tu plus tard, tes parents doivent être fiers, etc etc. Toutes ces questions soit tellement insignifiantes et banales qu'il faut bravement retenir le soupir qui se pointe malgré nous ou le sourire narquois en coin, soit tellement profondes et existentielles, auxquelles on n'a évidemment pas les réponses, qu'on se demande par ou commencer à expliquer. Dans ces occasions, soit on invente hypocritement une réponse manufacturée sur mesure, soit on tente naivement d'expliquer comment on se sent, auquel cas on est coupé à 90% du temps par notre interlocuteur, embarrassé de notre honêteté et ne voulant pas vraiment savoir pourquoi avoir commencé médecine.

Tel est l'état du champ sur lequel se tiennent ces redoutables batailles que sont les conversations mondaines.

Et comment pourrait-il en être autrement? Des étrangers sont mis en contact de façon artificielle, tels des rats de laboratoire.

...

Il y a heureusement le meilleur aussi. Hier il a pris la forme de ce vétérinaire suisse qui expliquait l'organisation de l'élevage bovin en Inde. Imaginez: 50% des veaux sont des mâles. Or il est interdit de les tuer (légalement partout en Inde sauf au Kerala et au West Bengal, états communistes et diamétralement opposés aux extrémités sud-ouest et nord-est du pays). Or ils ne donnent pas de lait.

Ils errent donc dans les campagnes ( ou les villes), compétitionnant avec les femelles pour le fourrage! Fascinant.

Par ailleurs, ici, une grosse ferme laitière comporte 10 animaux. Prenant connaissance du fonctionnement québécois, le brave homme a utilié des termes tels que "dépassé", "antique", "mauvais", "dangereux" et même "contre-productif". Selon lui, de corder les vaches dans des fermes gigantesques sans les laisser trotter dans le champs réduit leur longévité et la qualité du lait. Il prétend qu'en Suisse, il existe de strictes lois pour le traitement adéquat des animaux et que toutes les vaches mangent ou elles veulent, quand elles veulent (désolé je ne trouve toujours pas le u accent grace).

Anyway, food for thoughts.

dimanche 28 septembre 2008

Where in the world is the Indian Woman Santiago?

Des hommes.

Dans les restaurants, que des hommes. Des hommes à la porte, des hommes au commandes, des hommes au service, des hommes aux cuisines. Dans les taxis, les rickshaws, au marche, vendant les fruits et legumes, les epices, les noix, les farines, dans les boutiques de linge, de sous-vetements feminins, de sari: que des hommes. Dans le train Sleeper Class, 99,5% d'hommes (p< 0,005) mais il faut avouer que meme les femmes les plus cool rencontrees jusqu'ici ne prendraient pas ce choix. C'est juste trop dans le sens de too much dans le sens de tse veux dire.

Des hommes qui se prennent la main, qui dans le train s'empilent l'un sur l'autre, le bras autour du cou, des hommes partout, tout le temps, en toute situation. Je me suis fait coupe les cheveux: par un homme evidemment. Je me suis fait masser, bien sur par un homme.

...

Bien que la situation puisse sembler paradisiaque pour mes amis homosexuels, je me trouve, comment dire, prive d'un certain equilibre. Les femmes dans ma vie indienne ont soit plus de 45 ans (organisatrices de concerts, amatrices de musique), soit moins de 17 (eleves de piano). Les autres sont tragiquement portees disparues.

...

Dans 2h30, concert no.5 deja. Je suis a Pune, je devrais dire: je resuis à Pune pour 2 jours. Le concert a Bangalore a été très satisfaisant, nonobstant la perméabilité sonore deslieux qui a transformé mon récital en concerto pour piano et klaxons. Le niveau sonore ambiant indien citadin est terrifiant. Les klaxons sont utilisés libéralement et constituent un outil de bonne conduite, les portables sonnent n'importe quand et en toutes situations (incluant les concerts de piano). Mais on ne dira jamais assez comme il est agréable de rejouer un programme en tournée, plusieurs fois. Ça apporte une liberté, une confiance, un contrôle qui insufflent une qualité supplémentaire à la musique. Je savoure beaucoup ce petit plaisir.

...

vendredi 26 septembre 2008

Banga Lore

Lore...

Un mot qui evoque des epoques disparues, des actes heroiques, des aventures epiques...

Bengaluru regorge de soleil, de parcs, de magasins occidentaux, tout en donnant l'impression d'une ville a petite echelle, presque intime. La pollution, le bruit, le trafic tant decries par les connaisseurs sont presents mais apres Pune, ne semblent pas prendre trop de place.

Plusieurs cours de piano pendant 3 jours me donnent une bonne idee de la situation musicale en Inde. J'ai entendu entre autres un garcon dont le talent sortait par les oreilles, et une autre fille qui serait probablement acceptee dans une universitee americaine. Bien sur, il y avait aussi ceux qui jouent pour se relaxer de la journee. Plus difficile!

Les tensions entre fondamentalistes hindous et eglises chretiennes sont elevees. Le Karnataka, dont Bengaluru est la capitale, est mene par un gouvernement de droite fondamentaliste Hindou, et ce n'est pas trop clair si ce dernier protege les Eglises ou encourage les violences. En Orissa, aussi mene par le meme parti, des Chretiens ont ete tues, des religieuses violees, des eglises saccagees. Les Hindous reprochent des conversions forcees.

Hier, au Theological College ou je demeure, un eveque en cavale d'Orissa racontait qu'il a du fuir en moto pour contourner les barrages, laissant sa famille dispersee la-bas, car on en voulait a sa vie...

Par ailleurs, rencontre heureuse de Vikramjit Ram. Outre le fait que son prenom contient son nom, il est auteur de deux livres dont le dernier est un recit de voyage au Madya Pradesh (province de l'Inde centrale) qui vient de paraitre chez Penguin (!!). Je rapporte ce livre joyeusement dans mes valises, l'ayant troque contre 24 Preludes. Le gars est en gros un sosie Indien de mon prof Paul Stewart. C'est fascinant.

mardi 23 septembre 2008

Entrevue

Pour avoir de mes nouvelles sur les ondes publiques:
Espace Musique le 1er octobre, 20h, entrevue.
A bientot
Mathieu-a-Bangaluru

samedi 20 septembre 2008

Delhi

Le quartier de Delhi que j'aurai vu est sillonne de larges avenues bordees de grands arbres. Tout est vert, particulierement en cette saison de mousson. C'est au centre de New Delhi, la capitale batie par les anglais entre 1911 et 1931, fuyant Kolkata (Calcutta) devenue trop idealiste, independentiste, trop de trouble. Ils ont seulement profite de leur bijou 16 ans.

Grandes avenues donc, air relativement pur, club de golf, club de courses de chevaux (tres populaire parmi les classes aisees indiennes), parcs, une plethore d'edifices victoriens, marches hauts de gamme. Dans l'enclave diplomatique ces avenues alignent de chaque cote des ambassades de prtout, et aussi la Delhi School of Music ou je donne un Masterclass ce matin. La-bas, vers 17h, on voit arriver des meres avec leurs enfants pour des cours. 90% sont etrangeres.

Je demeure au India International Centre, un "club" utilise beaucoup pour loger la visite des diplomates. Restaurant trop cher et pas tres bon, bibliotheque, quelques lounges, auditorium ou j'ai joue hier (une belle experience), le tout enveloppe d'un trop plein d'air climatise.

Juste derriere le IIC, les Lodi Gardens sont magnifiques. Avant le regne Mughal qui a commence avec Babur en 1526, il y eut quelques decennies de regne sous les "Lodi". Le parc contient quatre "tombes" datant de la fin du 15e siecle. Par tombe, il fut imaginer d'immenses structures carrees ou octogonales en pierre ou en marbre, avec mes arches musulmanes, des inscrptions coraniques, des plaques de ceramique colorees, bref, des mini Taj Mahal. Pour l'Inde, ces tombes sont peu de choses, et Delhi contient des dizaines de sites plus impressionnants, mais pour moi, c'etait finalement un brin de poesie historique, de tourisme ebahi, dans un horaire charge avec medecine, musique et rencontres diplomatiques.

Apres le concert hier, souper au Lodi Garden Restaurant avec le High Commissioner of Canada in India, Mr. Joseph Caron et son epouse, (dans les pays du Commonwealth, les autres pays du commonwealth n'ont pas d'ambassadeurs, car on ne peut dupliquer la reine, mais des commissaires), Victor Rabinovitch, directeur de la societe du Musee Canadien des Civilisations a Ottawa et son epouse, ainsi que les deux curateurs seniors (il est le frere de Robert Rabinovitch qui a mene une autre societe canadienne pendant huit ans: Radio-Canada), etc. Dans ce cercle, on refere a l'ancien premier ministre comme "Paul". C'etait une soiree fort agreable.

Ce matin, profitant du parc Lodi pour rattraper mon retard en termes de course a pied, j'ai pu verifier que certains tombeaux abritent non seulement des hommes morts il y a 600 ans mais aussi des hommes vivants tant bien que mal et une multitude de chiens plus ou moins mal en point. Plus loin, deux musulmans chantaient doucement une priere a Allah le nez tourne vers la Mecque, celebrant ainsi le jour qui se leve, assis en Indien (!) dans la mini mosquee juxtaposant le grand monument funeraire. Un voile de bruine caressait mon visage.

Ce soir je pars pour 48 heures de train ver Bangalore, traversant l'Inde du Nord au Sud.

...

lundi 15 septembre 2008

je suis en vie

En 5 minutes:
Je ne suis pas encore a Delhi, donc je ne fais pas partie des 20 victimes des terroristes.
Je suis a Kolkata, cite du bonheur, qui respire la culture, l'action, la beaute. Merveilleux.
Le voyage en train etait aussi formidable que mes attentes. Un paysage fantastique. Des renontres merveilleuses. 36 heures de pur emerveillement.
Dans les 24 dernieres heures j'ai pratique sur les deux pianos les plus faux de ma vie, mais mon oreille interne tient le coup! J'etais un peu inquiet quand Mrs. Rustomji a dit que l'accordeur allait finir la job en une demi-heure sur le Bosendofer imperial qui date de 192x. Ha ha ha!

Tant a vous dire, tant a vous faire voir, entendre, sentir, rencontrer...

Un petit message pour Oli si tu lis ceci, hier je suis tombe par hasard sur une reunion d'une cooperative de riz bio... je t'en dit plus au retour...

A bientot

Mathieu

jeudi 11 septembre 2008

Au cas ou...

Je veux juste specifier que si je suis ici, et que vous lisez ceci, c'est que le gouvernement federal a paye mon billet d'avion, par l'entremise du ministere des affaires etrangeres et d'un programme de soutien aux artistes qui s'appelait Promart et que Harper vient juste de faire disparaitre. Je demanderais donc a ceux qui compte voter pour Playmobil-man de se poser cette question: vaut-il mieux un pays avec une forte cohesion sociale et beaucoup d'artistes emergents ou un pays plein de tensions inegalitaires et seulement Celine Dion qui parvient a survivre?

Mathieu-le-demagogue

Convergence

Ha ha ha. Vous savez quand TVA propose des publicites du journal de Montreal qui lui critique les emissions de TVA, en passant par 7 jours et autres inepties etc?

Bon.

Et bien laissez-moi publiciser le blogue de Zviane au Zviane.com, une jeune bedeiste talentueuse et d'une humanite touchante, aussi musicienne, qui devrait plaire a tous ceux qui aiment la bande dessinee et la vie. (My god, quand je veux je peux vraiment ecrire des generalites qui ne disent rien.) En tous cas je suis un grand fan.

Il y a plusieurs mois, elle faisait une serie sur les fruits qu'on voit a la fruiterie du coin a Mtl mais qu'on n'achete jamais pcq on ne les connait pas. C'etait tres amusant et instructif, et ca m'a inspire. Alors je me suis mis moi-aussi a tenter de faire le tour des fruits qu'on rencontre ici. Il y en a beaucoup, mais je ne sais pas leur nom en francais. En tous cas, c'est un grand bonheur, comme le sont aussi les jus frais (surtout de melon d'eau, c'est comme de l'eau encore plus rafraichissante).

Un autre jeu quotidien en Inde est de trouver les toilettes. Le concept de toilette belle et propre, qui sent le Mr Net ou encore mieux la rose naturelle, toute blanche, n'existe pas ici. En general ca pue tellement que on se demande si le repas ne sortira pas par la bouche avant de sortir ailleurs. Meme dans des restaurants chics, c'est le plus souvent comme ca. Alors, leur solution est de ne pas avoir de toilette dans les etablissements mais de les garder a l'exterieur, etant donc utilisees par les clients de plusieurs commerces contigus.

Aussi, le papier de toilette est non-usuel, et meme est considere impropre par le indiens. Ils utilisent leur main gauche et un peu d'eau, et donc se lavent les mains soigneusement par la suite. D'ou aussi l'habitude de manger seulement avec la main droite.
Personnellement je pense que bientot il va falloir realiser collectivement que c'est insoutenable de couper tant d'arbres pour une hygiene qui peut tout aussi bien etre maintenue par un peu d'eau, peut-etre mieux meme. Ca fait reflechir, et attendez-vous a etre surpris/decus/choques/enchantes la prochaine que vous venez souper chez moi a Montreal! Ha ha ha ha!

Mathieu le terroriste hygienique

chronique medicale II

Dr. Joshi est interniste. Il arrive a l'hopital a 9h, et fait 2 h de clinique externe. Puis la tournee des patients, jusqu'a 13h. Ensuite il part dans un autre hopital (il travaille pour 4 hopitaux) et va chez lui vers 17h, dans sa clinique privee au rdchausse de sa residence, pour des consultations. Il revient a KEM, mon hopital pour une autre tournee, puis termine chez lui jusqu'a 23h. Tout ca 6 jours par semaine et souvent le dimanche!!!!

Les Indiens travaillent certainement beaucoup, probablement beaucoup trop. OK, leur rythme est parfois relax, mais pas toujours. J'imagine que ca va lentement s'ameliorer... Il reste peu de temps pour la femme et les enfants bien sur.

***

Mon stage est termine. Comme on pouvait s'y attendre, la fin etait en fait agreable, puisque Dr Joshi est un excellent pedagogue et que j'ai pu comprendre quelques cas interessant, sans toutefois etre implique directement. Mais au moins je reste avec une bonne impression. Il faut dire que ca prend du temps juste pour s'impregner de la facon dont sont conduites les interactions professionnelles et sociales. C'est la vie. La prochaine fois je serai mieux prepare.

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Ici il y a quatre niveaux d'hospitalisation. Le moins cher est le General Ward, divise en Male et Female. Des grandes salles avec pleins de lits, comme au Quebec il y a des decennies. Puis il y a les Nursing Wards, ou on recoit plus de soins infirmiers j'imagine, avec trois niveaux de confort (ex. proprete des toilettes, toilette privee, Air climatise, etc)
L'Inde a certains hopitaux gratuits mais les soins y sont de basse qualite. La majorite sont payant a different degres. Souvent on n'offre meme pas un traitement a un patient car on se dit qu'il ne pourra pas se le payer...

Cette semaine nous avons perdu entre autres un patient de 30 ans d'une bacterie appelee Leptospirosis, choc septique, insuffisance multisystemique, et boum. Je me demandais si on l'aurait perdu au Canada aussi... la bibitte se propage par l'urine de rats - j'en ai vu aucun mais il parait qu'ils sont partout- et quand c'est la mousson, l'eau viemt contaminee... de quoi me donner envie de boire encore plus de marques d'eau en bouteille.

Parlant de mousson, on est normalement sur la fin maintenant. J'ai vu tres peu de pluie pendant 3 semaines, mais depuis il pleut souvent, de la bruine. Mais a part l'episode de l'inondation, c'est pas comme dans National Geographic en Afrique quand ils montrent la pluie de fou qui tombe pendant des jours. non non .

***

A l'unite des soins intensifs, la famille n'est pas admise, donc le corridor au 5e est rempli de gens qui campent, sur les bancs, par terre, partout. Les Indiens sont comme des plaquettes, ils n'ont pas peur de s'agglutiner quand il le faut!

En passant, ma plus vieille niece a eu cinq ans hier. Bonne fete Jeanne! Qui j'en suis sur suit ce blogue avec assiduite entre deux episodes de sa serie pour enfants preferee.

***

mardi 9 septembre 2008

Chronique médicale

Chers lecteurs,
si je vous ai tenus dans l'ombre sur la teneur de mon stage en médecine jusqu'à maintenant, alors qu'il ne me reste que deux jours à faire (en effet je pars vendredi pour Kolkata), c'est simplement que l'expérience depuis le début est tellement déstabilisante que je considérais chaque fois qu'il était trop tôt pour en parler, que les choses se tasseraient sûrement.

Mais pas vraiment...

J'en suis encore à me demander ou est le problème, et je ne peux qu'offrir des pistes de solution...

Les deux premières semaines furent passées à Vadu, un petit village à une heure de route de Pune. Le premier matin, je fais de la clinique externe de pédiatrie.

Mathieu! Sit! me dit le pédiatre. J'allais entendre cet ordre des centaines de fois par la suite. Alors que le médecin canadien est toujours debout, nerveux, actif, sur une fesse, sur une jambe, le médecin indien est confortablement installé dans son siège, et l'externe doit suivre l'exemple.

S'ensuit une longue conversation en Marathi, la langue du Maharashtra, de famille commune avec l'Hindi. Puis, la mère et le bébé sortent. Le médecin alors me regarde en souriant et me demande dans un anglais que j'ai vraiment peine à saisir: " So where are you from?" "And what do you want to do here?" How do you find Indian doctors?"

Éventuellement je lui demande de me résumer la consultation précédente. Il bredouille rapidement une explication douteuse au sujet d'un rhume viral qu'on traite avec une céphalosporine pour être sûr et puis l'effet psychologique ça il faut pas négliger. Mais au milieu de mes re-questions pour clarifier les nombreux acronymes non intégrés, une nouvelle maman arrive avec un nouveau bébé et le pédiatre recommence à parler Marathi.

Le contraste entre mes attentes et leur compréhension de leur rôle fut brutal. Alors que je suis externe et m'attendais à voir, questionner (en anglais ou avec un interprète), examiner, prescrire labos et médicaments, ils avaient en tête que je devais observer, sans trop interférer, et surtout leur parler de comment c'est au Canada.

J'étais profondément embêté. Si je ne posais pas de question, personne ne m'expliquait rien. Si je posais des questions, je me sentais comme une mouche sur la soupe. Les journées passaient à un rythme d'une lenteur infinie et je m'ennuyais à mourir.

J'ai tenté plusieurs tactiques. Assister aux chirurgies fut un échappatoire temporaire. Personne ne m'expliquait rien et je ne me brossais pas (soupir) mais au moins c'est impressionnant et on apprends juste à regarder, un peu. Les tentatives d'aller donner des vaccins dans la campagne furent un désastre. On me traitait comme une statue indésirable et laide qu'on évite du regard.

Par ailleurs, je stressais car Mme Giverne avait été très claire. Si mon stage était observatoire et non clinique, il ne compterait pas. J'ai donc confronté d'abord l'obstétricien avec mon problème. Il me répondit que pour faire des examens vaginaux il fallait chercher quelque chose. Je lui répondit avec un agacement difficilement contrôlable que justement, j'imaginais qu'il cherchait qqchose quand il les faisait et que j'aimerais bien qu'il m'explique quoi. Après quelque minutes il accepta que je fasse des examens. Mais il ne proposa pas de me trouver un interprète, et il était hors de question de prescrire ou d'écrire des notes car selon lui c'était illégal.

Cependant, dès le jour suivant, il déchargea sa responsabilité sur la résidente en lui disant de me faire faire un examen, ce qu'elle ne fit pas, convaincue que mon rôle en était un d'observateur...

Éventuellement, je devins si misérable que je m'arrêtai pour réfléchir. Mon stress venait de ce que j'avais une attente que je ne parvenais pas à combler. Malgré tous les essais que j'avais pu imaginer. Je devais donc changer mes attentes. Je décidai de ne plus pousser et d'accepter que mon stage serait peut-être jugé nul, au pire je le referais à la fin de la 2e année. De toute façon, graduellement un réel désir de prendre de l'expérience m'avait envahi et je ne voulais pas gaspiller une de mes 20 périodes à ne rien apprendre.

En conséquence, il était maintenant accessoire de me présenter au stage, et je décidai de ne plus y aller! Je pourrais ainsi pratiquer, relaxer, prendre des vacances à Pune avec son odeur de Roses et généralement glander, ce dont j'avais grand besoin (malgré ce qu'un certain article de journal universitaire a pu vous faire croire...)

Cependant, après discussion avec des amis indiens, j'ai décidé de donner une deuxième chance au stage en tentant ma chance à l'hopital central à Pune. Là, raisonnai-je, il y a aurait quelques anglophones, et peut-être quelques médecins qui voudraient bien me faire voir un patient.
Mais encore une fois, le jeu du dumping a pris le dessus. Oui oui oui, opinaient mes interlocuteurs, pas de problème, tu peux voir des patients!! Je suis sûr que mon bon collègue Dr. X va se faire un plaisir!! Sur quoi, après deux heures d'attentes, quand je parvenais à attraper Dr. X, il me référait à ses résidents...

Mais au moins, pour préserver ma santé mentale, j'avais décidé de n'y aller q'une demi-journée à tous les jours, comme ça si c'était inactif, et ça l'était presque toujours, je me réconfortais en profitant pleinement de mon après-midi.

Heureusement, ici et là, au fil des jours, j'ai quand même vu plusieurs choses intéressantes médicalement, et j'espère, appris plus que je ne le pense. Mais je n'ai vu, seul, qu'un patient en 3 semaines et demi. Et il a fallu que je le gagne après de longues intercessions auprès des responsables.

Comme quoi en voyage, il faut avant tout être prêt à changer ses plans.

Propager la haine, engendrer la violence

Il y a quelques jours, je fus choqué en prenant acte de la couverture du Magazine Times, version Indienne. Huit photographies peu flatteuses de huit politiciens indiens avec le titre: Kashmir crisis, found out who the villains are.

...

À l'intérieur, la journaliste, Aristote garde son âme, expliquait que la majorité des indiens étaient convaincus que la crise dans l'état disputé par le Pakistan était due à l'inefficacité du ministre de l'intérieur, Mr. X. Rappelons ici que Times possède aussi un des quotidiens les plus lus au pays, et je n'en doute pas, sûrement quelques chaînes de télévision. Alors évidemment, quand ces médias disent au peuple ce que le peuple pense, c'est l'oeuf ou la poule. Enfin, vous me suivez...

Plus loin, cette merveille d'objectivité demande en entrevue au ministre mentionné ci-haut: " Would you agree that you are the main reason for this disaster?" "You are saying that" "No, the whole of India is saying it..."

Je pense que généralement, il est sage de ne pas s'énerver et plutôt d'utiliser les moments de frustration pour méditer sur la nature humaine, afin de briser l'énergie négative. Mais dans ces moments ou (je ne trouve pas le u accent grave) je considère que l'appat du succès, le désir de sensationnalisme, la stupidité et le manque de culture, et la méchanceté amènent des gens à traiter ainsi des êtres humains, vraiment je m'enrage. Ce sont précisément ce type de raisonnements "coupe tout droit" qui mènent après des années d'accumulation aux guerres qui ensuite tuent aussi les gens qui ne voudraient que s'occuper de leurs affaires...

Plusieurs jours plus tard, ce midi, je dinais avec Dr. Manoj Thakur, Md ayurvedic (qui m'a donné un super massage dimanche) quand est venu sur la table le sujet de la politique, et des religions, deux sujets difficilement séparables en Inde. Depuis mon arrivée ici j'ai sagement évité d'entrer en réelle confrontation, me plongeant délibérément dans le rôle de l'anthropologue qui observe les schèmes de pensée sans interférer d'aucune façon. Mais le voyage lentement vous change. Chaque jour une couche invisible d'expérience, de connaissances, de vie, s'ajoute sur votre peau, elles s'additionnent, et hop, un beau jour vous vous trouvez en train de vous impliquer émotionnellement avec un Hindou sur la relation Islam-Hindouisme.

En fait, la discussion avait glissé là parce que j'avais eu envie de partager la triste douceur qui m'envahissait en me rappelant ma discussion d'hier avec S., une résidente hindou en gyn-obs qui m'a raconté avec une franchise perçante que son amoureux, un orthopédiste musulman, avait finalemment fiancé une autre, car que faire d'autre avec un amour impossible. Elle me disait que le père du garçon avait fait un infarctus quand il lui avait soufflé mot de sa flamme pour une Hindoue, et qu'elle même ne pouvait se faire à l'idée de faire souffrir sa mère à ce point...

Une chose menant à l'autre, Dr. Thakur, affirma qu'en fait, l'hindouisme était une religion supérieure à l'Islam, car les Hindous n'ont jamais tenté d'envahir un autre peuple, alors que c'est ce que font les Musulmans constamment, selon lui.

...

J'aurais peut-être dû prendre une grande respiration, et gentiment parler de la température, mais j'envie pour une fois d'exister, entier, avec mes pensées, mes croyances... alors bien sûr, une fois établi que j'étais en parfait désaccord avec une telle affirmation, c'est-à-dire que notre religion est "meilleure" que celle des autres, peu importe la véricité des arguments employés, il fut impossible de revenir à une entente amiable sincère, et le dîner, déjà difficile à digérer de part sa quantité exagérée, n'est pas encore passé. J'éprouvais une profonde tristesse qu'un homme cultivé, qui travaille selon ses propres mots à "équilibrer ce qui nous constitue", entretienne une telle amertume envers ses frères indiens et, ce qui peut-être a fait exploser ma soupape, cite le Times of India comme preuve que ce sont les Musulmans qui font du trouble (the Times only writes facts, dit-il), alors que j'imagine qu'il ressentait une profonde irritation envers ce prétentieux Canadien, qui vit dans un pays ou la densité moyenne est plusieurs km carrés par habitants, qui vient pour la première fois en Inde, connaît à peine l'histoire du pays, à qui je prends le temps de faire visiter, d'amener dans un restaurant, et qui me remercie en me faisant sentir comme si j'étais un terroriste fondamentaliste hindou...

...

Misère...

Comme j'aimerais que les Hindous retiennent non seulement le nom de Gandhi pour leurs routes, non seulement don visage pour la monnaie, mais aussi son message de tolérance, de sagesse, et d'ouverture envers les autres religions...

vendredi 5 septembre 2008

Inondations

Mercredi soir le ciel est tombé sur la tête des Punéites. Un record depuis des années. J'ai essayé de partir de l'hôpital vers 18h. J'avais de l'eau juste en haut des genoux et j'essayais de ne pas me faire emporter par le courant. Sur les bords de la rue les gens me regardaient en se demandant si j'tais fou. Les chauffeurs de Rickshaw, à ma demande de me reconduire chez moi, me répondaient par un rire bien senti. Je suis donc retourné à l'hôpital en attendant que ça draîne, tout ça.

Moi qui me plaignais intérieurement que cette mousson était drôlement sèche, j'ai été servi. En même temps, ça m'a aussi fait du bien psychologiquement et symboliquement. Comme si la nature exprimait finalement ce que je vis depuis mon arrivée: une série d'inondations pour les sens. Tant de gens, d'odeurs, de motos (le plus grand nombre de motos de toutes les villes d'Asie !!), tant d'émotions fortes...

Ces jours-ci, c'est une inondation de Ganesh, des centaines de statues d'éléphants-Dieu qui me tombent dessus. Processions, chants, danses, maquillage, alcool, prière pendant 10 jours.

Avec cette pluie, je suis définitivement entré dans la 2e phase du voyage.

I groove on.

À plus

Mathieu

PS
J'ai perdu mon téléphone dans un rickshaw cet après-midi. Comme mon Ipod. Sans commentaire. Désolé de ne plus pouvoir vous répondre ou appeler...

mercredi 3 septembre 2008

** Teaser trailers **

Bientot, sur Une Inde Deux Mondes:

+ Apres Incendies et Forets: Inondations

+ Coup de theatre! : Chronique medicale

+ Rever avec Bouvier

+ Chasse au tresor: les fruits et les toilettes

+ Le supplice du souper mondain

+ Le blogue: motivations et interets reels, une autopsychoanalyse

Une Inde deux Mondes, le blogue qui ne recule devant rien pour vous faire voyager sans que vous en ayez votre voyage!

dimanche 31 août 2008

Sortez vos crayons

...

...

ha...

ha ha ha...

Ha! ha ha ha ha ha!!!

MOUAAAhahahah aha ha ha ha ha ha!

GRRROOOOUUUUUAAAAHHHHH HA HA HA HA HA HA HA HA!!!!!!!!!

AVEC ce nouvel outil, je vais pouvoir DOMINER LE MONDE!!!!!!!! ENFIN! ENFIN!!!!



(voilà l'effet que me fait mon nouveau portable que vous vous proposez d'appeler au
+91 97 67 72 45 65)

Mathieu alias: Sauron, dans ses rêves de trouver l'anneau

vendredi 29 août 2008

Krishna party

J'avais passe la matinee de dimanche dans un parc a mediter sur Bach, Beeth, Schum et Rach, prenan des pauses pour m'imbiber de ces amoureux qui ont si peu de lieux ou il n'est pas interdit de profiter de la chaleur de l'autre. Des ecritaux criaient d'ailleurs un peu partout: "It is forbidden to practice indecent activities" releguant le simple baiser a un futur enveloppe de fantasmes, mais plus ou moins eloigne. Il faisait bon de respirer un peu d'air pur, de toucher des arbres imperieux, de deambuler sans but, de flotter dans un monde ou le temps etait disparu. C'est seulement en apres-midi, a l'autre bout de Pune, dns l'enceinte de la forteresse Shaniwar Wada, qui date du 18e, qu'ils sont apparus.

Ils n'etaient pas les premiers. Les gars s'arretent regulierement pour me demander "which Country?" avec un melange touchant de courage et d'insolencequi trahissent une timidite bien naturelle, mais, je ne sais pourquoi, cette fois je pris le temps de les connaitre plus.

Il en est ainsi en voyage. Il faut savoir saisir ces moments ou on est mur, on a envie de se lancer, de prendre le risque de se denuder un peu et de rencontrer l'autre, a coups de rires un peu forces, de platitudes, de lieux communs, dans un langage laborieux et a travers maints problemes de communication, dans un processus qui mene cependant a un veritable echange qui grandit et nous forme un peu plus.

En tous cas, j'aimais bien les bouilles de Harish et Jatin, ils etaient etudiants au MBA, et j'etais sur qu'ils desiraients reellement me connaitre plutot que de se venger d'un taux de change 40/1 entre nos pays respectifs.

Ils etaient venus du nord, du Madya Pradesh (ici c'est le Maharashtra), ensemble, vivaient ensemble dans une pension, etudiaient ensemble et vendaient, pour survivre, des filtreurs d'eau ensemble.

Ils etaient dans le quartier pour assister aux festivites de Krishna, ce DIeu Hindu represente comme un jeune enfant tout bleu, auxquelles ils me concierent. Des feux d'artifices ponctuaient regulierement des celebrations demilliers de gens assmebles dans des rues bloquees encadrees par des scenes meublees de statues de l'idole, et de haut-parleurs qui crachaient de la musique disco au moins aussi forte qu'a Osheaga. Une poignee de jeunes , pres des scenes, dansaient en sautant. Les autres, c'est a dire la foule dense qui m'entourait, marchaient lentement, magasinaient ou regardaient la scene patiemment. IL parait d'ailleurs que l'anniversaire de Krishna n'est rien compare au festival de Ganesh qui s'ouvre la semaine prochaine et dure 10 jours, Ganesh ce DIeu de la prosperite qui prend la forme d'un elephant. Depuis un bon moment je remarque des cours pleines de statues de toutes grandeurs d'elephants-hommes assis en lotus, prets a etres distribues pour l'evenement majeur de Pune.

Plus tard, devant un excellent Thali a 30 Rs, j'eus l'occasion encore une fois d'entrer tete premiere en collision avec la culture hindoue. Harish, qui est "Pure Veg", ce qui veut dire pas de viande, pas d'alcool, pas de tabac, pas de drogue, et pas de sexe avant le mariage, m'expliqua, comme si c'etait une evidence et avec une touche de surprise envers ma question, qu'il etait clair dans sa tete que c'etait une chose merveilleuse que ses parents arrangent son futur mariage.

"Et l'amour?"

"Nan, ca cree plein de tensions, de problemes, et apres on ne peut plus travailler"

Comme une majorite des jeunes de son age, "reussir dans la vie" est de loin son premier objectif. Il "reussira", je crois bien. Apres tout, on cultive ce qu'on seme...

Ou il est question du the et d'allergies

D'abord, le mot Chai, ca veut dire the. Donc, au Canada, quand on veut un the avec de la Cardamome, de la canelle, du clou et du gingembre, et qu'on demande un bon the Chai, on demande un bon the the! Il faudrait plutot demander un the Masala, qui veut dire epices. (Garam Masala = melange d'epices). Masala Chai (re. l'elixir de bonheur du havre aux glaces) veut dire donc the epice.

(En passant, vous etes-vous deja exaltes sur le hasard qui fait que tant d'epices commencent par C? Je denombre comme ca a l'emportee:
curcuma
cumin
coriandre
cayenne
cari (le melange des 4 sunommes)
canelle
cardamome
clou
celeri, graine de

Deux morceaux de robot a qui ajoute a cette liste.)

Le Chai Indien contient au minimum du lait bouilli et assez riche et beaucoup (souvent trop a mon gout) de sucre. En fait ca goute pas le the si vous voulez mon avis, mais le fond de bol de cereales Pierrafeu, sans la couleur arc-en ciel et quelques dizaines de plus de degres celsius. Ceci dit, c'est tres bon. Ca c'est le Chai. Le Masala chai est pareil mais avec de la cardamome, une de mes epices preferees je pense. Ca c'est encore meilleur. Les gens le boivent dans des verres d'un ou deux onces, tres chaud. Miam.

Par contre, il ne faut pas faire l'erreur que j'ai commise aujourd'hui, de demander un the glace. Ils prennent du Nestle (= moult grammes de fructose) et rajoutent encore du sucre, puisque c'est genetique chez eux de rajouter du sucre dans du the. Ouach ouach ouach, a part si vous voulez tester votre tolerance au glucose.

Parlant de ca, j'ai une reaction atopique d'une severite terrorisante quand je suis dans ma chambre. Il se degage de l'oreiller et du matelas cette odeur si caracteristique d'humidite chronique, qui au Canada j'ai appris a craindre, mais qui ici semble la norme pour les chambres a coucher, puisque a part le Taj, j'ai eu deux en deux et dans des apparts quand meme de luxe. Imaginez chez l'habitant. Moisissures? Acariens? Les deux? En tous cas, l'autre nuit j'ai du aller marcher entre minuit et 1 heure du matin en attendant que ma dose de cheval de chlorpheniramine fasse effet, de crainte que l'inflammation-oedeme de mon pharynx atteigne une telle ampleur qu'elle empeche l'air de passer. J'ai eu le bonheur de constater par la suite qu'il etait tres facile et 4-5 fois moins cher qu'au Canada de me procurer de la Loratadine (Claritin) et j'en suis maintenant a essayer la cortisone nasale... souhaitez-moi bonne chance car sinon je devrai rejoindre la communaute qui dort sur le trottoir!

En attendant, ca me force a sortir meme quand je suis epuise, ce qui est une bonne chose dependant de l'angle qu'on adopte.

Histoire d'eau

Jours de deuil. Hier, apres 4 ans de loyaux servives presque jour pour jour, mon I Pod m'a quitte. Tel l'Anneau unique qui tomba de la poche d'Isildur, il a glisse de ma poche alors que j'etais dans un Rickshaw, et que je venais de verifier l'heure...
Je perds un de mes meilleurs amis de voyage, qui me permettait dans le moments plus durs de retrouver la musique qui me fait du bien, qui me servait a travailler ma musique, et que j'avais soigneusement nettoye pendant plusieurs heures avant de partir: toute la musique avait ete selectionnee...
En meme temps, il faut faire la part des choses. Ce qu'on voit tous les jours sur le trottoir ici permet facilement de relativiser ce drame...

Mais ce dont je veux vous parler ici, c'est l'eau, un ami bien plus precieux que le IPod.
J'ai lu dernierement sur Radio-Canada que 1 000 000 000 de bouteilles d'eau seront bues dans la prochaines annee... au Quebec seulement. 1 Milliard! Mettons que 5 ooo ooo de personnes en achetent, ca fait 200 bouteilles par personne! Selon notre media national, seulement la moitie serotn recyclees. Et le recyclage ne regle pas tout...

Quel est ce besoin imperieux de boire une eau qui a ete joliment empaquetee dans une bouteille de 500 ml? La bouteille comme telle coute beaucoup plus cher que son contenu, et est tellement nuisible... Cet engouement n'est surement pas du a la qualite, puisque beaucoup de ces marques: Dasani (Coke) Aquafina (Pepsi) offrent de l'eau empaquetee non de source. Elle vient plutot de Mississauga, ON, et il a ete demontre plus d'une fois que l'eau de Montreal est aussi bonne et goute aussi bon (avec des tests a l'aveugle. Cool non?)

Ici en Inde, heureusement tout le monde ne ressent pas le besoin de faire de meme (200 milliards de bouteilles... ouuuu) Mais j'ai du me resoudre a embarquer pour causes gastro-intestinales. Mon emerveillement devant la diversite de marque ne tarit pas, car a chaque jour il semble que j'en boive une nouvelle. J'ai du en passer au moins 15 differentes deja. Elles coutent entre 8 et 15 Rupees (20-40 sous) et je crois sont pleines d'eau municipale filtree un peu mieux. Ca fait mon bonheur, mais que de plastique...

Histoire de train

Paradoxe. Me voici dans le meilleur cafe internet (sans cafe) jusqu'a maintenant qui se trouve... sur la plateforme de la gare de Pune! Les gares ici sont des lieux nevralgiques: fourmillement continu de centaines de personnes, mendiants, vendeurs, conducteurs de Rickshaw (petits taxis a trois roues sortis directement d"un film de science-fiction) agressifs qui vous crients apres "YES SIR? RICKSHAW SIR? ROOM SIR? WHICH HOTEL SIR?" et envers qui je n'ai pas encore atteint la sagesse ultime d'etre completement non-agace, etc etc etc. J'ai eu un peu peur en arrivant ici tout a l'heure: je pensais revivre la maison des fous, pour la enieme fois depuis mon arrivee (d'ailleurs, mon application pour un portable a definitivement ete rejetee et je vais maintenant essayer avec un autre compagnie... misere) car premierement je ne pouvais pas trouver le guichet, et demander de l'aide ici est une operation qui peut mener a la folie:
"Please, where is the counter for tickets for International people?"
" Yes sir, can I help you?"
" The ticket counter..."
" Yes sir, Gate four Please."
"And where is Gate four?"
"This way sir" en pointant vaguement dans une region couvrant au moins un angle de 120 degres.
"So I go this way..."
Driiiiiiiiiiiiiiing: son maudit cellulaire qui sonne.
(Ce qui me rappelle de vous dire que ma journee hier en Med Fam n'etait pas optimale, en partie pcq le Medical Officer donnait des Antibiotiques aux patients qu'il diagnostiquait lui-meme de rhume d'origine viral, en me disant que c'etait pour l'effet psychologique, et pas n'importe quoi mais de l'azithromycine et des cephalos et tout, et en partie pcq son maudit portable sonnait a tous les 15 minutes, PAS pour des raisons importantes mais plutot su style "hey dude t'as-tu fini bientot on pourrait aller se payer un samosa...)
Un peu en perte de zenitude, je dedide de chercher moi-meme la Gate four au prix de me faire harceler par les conducteurs de Rickshaw et autres fournisseurs de services touristiques.

Plus tard, la salle de reservation et de vente de billets est un fouilli total. 24 guichets. Il faut
1- Obtenir une feuille de reservation sur laquelle on ecrit son nom, la date du voyage, les stations et les nos et noms des trains
2- Si on ne sait pas par coeur tout l'horaire ferroviaire indien (comme un personnage adorable de je ne sais plus quel roman) il faut aller au guichet "Inquiries" pour avoir de l'aide a ce sujet, et en meme temps le gentil fonctionnaire verifie la disponibilite des sieges-couchettes (Pune-Kolkata: 34 heures)
Ici, laissez-moi specifier que le concept de file est purement occidental. Ici on se pousse, et c'est celui qui le premier parvient a pousser sa main dans le petit rond a travers la vitre qui gagne! Dans la file, les gens s'accotent dans votre dos. Il fait chaud. Ca pue. C'est capote.
Passees ces deux etapes, il faut refaire une 3e fois la file pour obtenir et payer les billets. Et... TADAM!! J'ai en ma possession trois superbes bebes qui me permettront de parcourir Pune-Kolkata-Delhi-Bangalore. Un coup d'oeil a votre atlas familial ou une connaissance au-dessus de la moyenne de votre geographie indienne vous montre que cet itineraire est mongol. Des milliers de km. 94 heures de train. Une croix qui couvre l'Inde d'Ouest a l'est au Nord au Sud. Le tout pour... 35$ CA. AU TOTAL! Donc 12 $ par billet...
PS. Les trains sont pleins depuis longtemps pour cette classe (il y a des billets plus chers qui vous permettent de payer pour plein de desagrements comme l'air climatise, des fenetres barrees et ce maudit sentiment de profiter d'un taux de change ridicule, wouach) mais le gouvernement garde en reserve des billets pour les voyageurs internationaux. Une bonne main d'applaudissements!

samedi 23 août 2008

Le mystere du mobile indien

On trouve ici des gens qui possedent peu. Mais en general ils ont un sari ou un pantalon et une chemise... et un cellulaire. Je pense que le portable doit venir en 2e place, avant les sandales (et beaucoup vont pieds nus) et la nourriture.

La surprise de l'Indien est donc considerable quand il comprend que je n'en possede pas. Et decuplee quand je l'assure que je ne suis pas seul au Quebec, mais que beaucoup d'entre nous n'en ont pas (en fait la majorite je crois bien... jusqu'a maintenant, Ils nous auront surement a l'usure.)

Pour ceux qui ont affaire a moi: medecins, hotes, promoteurs, cette surprise est aussitot remplacee par un brin d'irritation. Comment me rejoindront-ils? Et si les plans changent? Et comment les rejoindrai-je moi? Parce que evidemment qui dit epidemie de cellulaire dit pas de systeme telephonique public developpe. Je me suis fait refuse sechement d'utiliser le telephone traditionnel dans un petit magasin. C'etait plutot desagreable.

Tous m'assuraient qu'il me serait d'une facilite enfantine de m'equipper. De dire Dr. Wadia: You close your eyes, put up your hand and there you have a mobile shop in India.

Ha ha ha

D'abord, avant le travail c'est ferme. Ensuite, quand je reviens, une panne d'electricite de deux heures vient bloquer le processus. Une autre fois je trouve un magasin et achete l'instrument. Mais deception: il faut aller ailleurs pour obtenir une carte SIM. Ou? Oh, on Doli Patil Road.

La-bas, je dechante serieusement. Car il faut, pour la carte SIM, une photocopie du passeport, une photo passeport, et une preuve d'adresse indienne... 3 magasins me confirment le tout. Je reste un peu bouche bee quand Jehangir s'etonne que j'eprouve de la difficulte avec cette mission, et je me sens comme un enfant qui ne comprend pas vite comment quelque chose marche.

Eventuellement j'obtiens une lettre attestant mon travail au KEM Hospital et obtient l'objet a ce point devenu mythique.

Voici donc le numero magique: 91 97 67 49 24 99.
C'est gratuit pour moi de recevoir.

A bientot pour moins de chialage et plus d'emerveillement

24 août
Addendum
Mon téléphone est malheureusement déconnecté...
Mais je vous tiens au courant!
À bientôt
Mathieu

Il y a de cela bien bien longtemps...

La femme au comptoir de Continental Airlines etait du type professionnelle, cheveux frises courts, 45 ans, lasse mais preservant bravement une dignite qui, faute de charme, de gloire ou de sensations fortes, lui permettait d'assister les clients avec toute sa competence. J'avais peu attendu, j'etais 2h30 d'avance et pour un vol a New York, ca vous mene avant la cohue principale. Quand ce fut mon tour, elle me surprit avec une question insolite: combien de temps j'avais avant mon prochain vol. Peu. 1h environ. Mais bon, au pire, je courrai dans les corridors interminables, je paniquerai, et j'arriverai bien a temps pour mon depart vers l'Inde. C'est toujours pareil.

Elle n'est pas convaincu: le vol pour New York a 3 heures de retard a cause d'une tempete qui sevit depuis 2 jours sur Newark.

Machoire qui tombe.

Panique qui cherche a s'installer.

Niagara d'Adrenaline.

Puis, acceptation. Ce voyage avait pourtant si bien debute. La route de Villeray a Trudeau avait ete agreable et depuis les 10 minutes que j'etais a l'interieur je n'avais pas encore perdu ni moi ni mon passeport.

Mais bon, si la vie le veut ainsi...

J'en etais donc a la 5e phase du deuil quand j'entends les mots Air France et Other Flight.

Reprise d'espoir.

J'ai du passer 30 minutes au comptoir. La file derriere s'allongeait dangereusement, les gens me lancaient des regards courrouces et je ne savais pas s'il valait mieux leur annoncer tout de suite qu'ils n'allaient peut-etre meme pas arriver a bon port. Mais au bout du compte, je suis parti tout heureux pour Paris.

La-bas, je suis sorti de l'avion rapidement car j'avais peu de temps pour le transfert. Zut, j'ai oublie mon livre. Attente que tout le monde sorte du Boeing 747. Mon livre etait sous l'oreiller. Bon, la il faudra courir. Mais ou est mon passeport?

??

Rush d'Adrenaline sans rapport avec celui de la veille. Ca va vraiment etre la merde. Mais ou peut-il etre? Ouf, SOUS le coussin du siege...

La course jusqu'au terminal C a partir du F fut d'autant plus stressante qu'il fallait aussi que je paie 10 euros pour une carte d'appel pour annoncer a l'Inde mon changement de vol et d'horaire...

Bah, j'ai eu un autre 9h de vol pour m'en remettre...

mercredi 20 août 2008

Pune ça pue

Ouais. 5 jours. En voyage, 5 jours, c'est une éternité. C'est des milliers de nouvelles images. Des dizaines de nouvelles rencontres. Des joies, des stress, des peurs, des adaptations, des diarrhées, plein de repas indiens!!

Le premier concert a bien été. Yamaha 9 pieds. Salle pleine. Réception mondaine très mondaine. Rencontre avec le consul canadien de Mumbai, Gary Luton. Qui me dit que le nouveau haut commissaire à Delhi (= l'ambassadeur) est un Québecois, qu'il adore la musique et hop quelque chose d'autre à faire dans les 48 heures à Delhi... Mais ça c'est pas pour tout de suite. Rester au présent, rester au présent...

En parlant de Canada, le compteur d'objets oubliés est à deux car je n'ai pas apporté mon fil pour télécharger mes photos de ma caméra en plus de mes anti-histaminiques de 2e generation (bon j'en ai au moins plein de la premiere pcq la pollution, la moisissure et moi, ça fait atchou pas mal)... bien sûr je travaille pour résoudre ce pépin (celui du fil) mais n'allez pas vous imaginer que je peux faire ça en criant lapin, c'est un peu l'enfer ici quand on cherche qqchose de particulier (comme vous le lirez dans une nouvelle à venir: le mystère du mobile indien; oui oui vous avez bien lu! moi un mobile...) Quand on ne cherche pas, tout est là, mais dès qu'on en a besoin... (enfin vous lirez. Un jour.)

En attendant, le but de tout ça, c'est que je ne peux vous montrer une photo de ce merveilleux Jehangir Batiwala, si vous voulez mon pilier ici, celui qui m'a aidé à organiser tout ça. Eh bien il a la tête de Stephen Harper, c'est merveilleux car si je m'ennuie trop dans une soirée mondaine lors d'un bon souper Parsi comme on n'en fait plus, je peux juste penser aux deux mots: casque playmobile et je me marre tellement secrètement que me voilà tout réveillé!

J'espère bien vous partager ça dans un futur pas trop éloigné. Vous en pleureurez de rire sur votre clavier, ruinerez votre tour PC et du coup serez pris pour vous acheter un MAC. Chanceux.

Aujourd'hui j'ai vu ma première opération pour cataractes... c'est incroyable quand même qu'puisse retirer un cristallin comme ça! Je pense que mon désir de devenir ophtalmo est passé de 0 à 0,2 % c'est vous dire. Mais c'était fascinant, sans rire.

Vous savez, j'aimerais tant vous écrire doucement d'un petit café internet tranquille avec vue sur la forêt et une tisane en mains, mais ici les Web cafés sont des placards pas de fenêtres remplis de voisins dont une belge qui parle depuis une heure à sa mère et lui explique qu'elle devrait faire ViPassana... elle parle très fort...

Alors j'essaie de vous en dire le plus possible rapidement pour me sauver, mais au moins maintenant vous avez des accents.

Le régime présent rappelle le Kenya. VUS pendant une heure pour se rendre de Pune, la ville ou (je trouve pas le u grave) je suis pour le prochain mois, à Vadu, petit village campagnard indien. Même décor de terre, de béton et de publicité de mobiles, mêmes bâtisses en béton, mêmes slums faites de tôle, de carton, de paille, de drap, de misère mais aussi de sourires, mêmes odeurs de déchets, d'urine, de diesel, de snack food qui frit sur le bord du chemin...

En clinique externe après l'opération, Dr. Samir expédiait les patients à un rythme difficilement imaginable. Il faut dire qu'ils étaient là par dizaines. Il fait le travail de l'optométriste, il prescrit les lunettes, ce qui même en accélérant le processus à la limite de l'explosion spatio-temporelle prend un bon 10 minutes. Trop long quand il y a encore une salle d'attente pleine et que la navette de retour en ville part dans une demi-heure...

Inutile de vous spécifier qu'il était peu joyeux lorsque la panne de courant de 20 minutes est arrivée, obligeant les patients installer sur les machines à figer comme s'ils faisaient parti de improveverywhere.com. C'est la génératrice qui est supposée prévenir les pannes qui a lâché. Le courant lui, est au mieux alternatif. En effet, cette " mousson " est si sèche dans la région que les niveaux des barrages sont trop bas...

Pune... Quand même la 11e ville d'Inde, 5 000 000 d'habitants. Un melting pot étourdissant. Un pollution aérienne et sonore qui testent mon côté zen. Mais lentement je découvre les petits coins de refuge, il y en a toujours, et mon appart est plus que parfait, avec balcon sur un petit parc et plein de tranquilité pour réfléchir sur la vie...

Avez-vous vu le brésilien pleurer quand il a gagné le 50m nage libre (l'homme-poisson le plus rapide au monde, l'équivalent du 100 mètres à la course)? C'était vraiment émouvant. Il pleurait encore quand il a fini le tour de la piscine du vainqueur...

Bon, je divague.

À bientôt, je devrais vous donner des nouvelles régulières,

Math

samedi 16 août 2008

I'm a doctor

Pas moi.

Le gars qui etait assis a ma table ce soir a 23h30 quand, apres avoir bien travaille, je cherchais avec confiance un endroit pour m'adonner a mon sport indien favori: manger. Comme mon petit vege etait ferme, j'ai du repartir a l'aventure, qui n'a dure que 5 minutes (on est quand meme a Mumbai) avant que je tombe sur un petit "joint" dont les employes etaient tous habilles de mongues tuniques blanches , de petit bonnet blanc et arboraient de longues barbes brousailleuses. (Des musulmans je dirais.) Check list:
1- Air climatise? Negatif
2- Foule locale? Positif
3- Touristes? Negatif
4- Intuition generale et energie? Excellent

Parfait.

Je rentre donc et saisis la seule table de libre. Le menu me montre que contrairement a hier, ce restaurant est le paradis de la viande: poulet, mouton, et cerveau (de mouton? non-specifie) sont a l'honneur. Bon. Va pour du mouton Byriani.

Je vais me laver les mains et a mon retour trouve ma table (petite soit dit en passant) peuplee de deux convives supplementaires. Je suis plutot enchante: de la compagnie. La discussion est penible. Certains disent que les Indiens ont le pire accent anglais au monde. Ca, c'est quand ils parlent anglais. Deja que je ne suis pas fort fort pour comprendre le britannique. Mais la c'est un autre niveau de difficulte. Toujours est-il que je demande au quidam de gauche quel est son metier, et lui de repondre: I'm a doctor. Haaaaaaa...

Yes. Do you know Ayurvedic? I'm a doctor in an Ayurvedic Hospital.

Haaaaaaaaa...

La vie etait tres douce pendant les moments suivants. Quel meilleur moyen d'apprecier son moution qu'en tentant de communiquer courageusement avec un professionel Mumbaien des massages, herbes, yoga et autres traitements alternatifs?

Il me declare d'ailleurs, non sans une certaine fierte: western medicine has no treatment for Psoriasis (ainsi que quelques autres maladies dont je n'ai pu comprendre le nom): we do.

Et vlan dans les dents.

Bon. Si vous voulez vraiment tout savoir, j'ai aussi mange de la nourriture du Gujarat, un etat au nord-ouest de l'Inde. Mais si je vous dit a quel point c'etait bon, vous ne me croirez pas. C'tait avec Parvesh, dont je vous parle une autre fois, car mon dejeuner est servi et j'ai hate d'aller me recoucher.

A plus
Mathieu

Taj raving

Je n'en finis plus d'etre emerveille par la beaute de ce lieu. Bien sur, tout ce luxe est scandaleux, et je ne me sens pas vraiment a l'aise ici, comme en temoigne cette presente nuit d'insomnie qui finalement me mene a ecrire a 6h30 du matin en attendant le dejeuner. Les oreillers sont trop gros, il y a trop de teles enormes aux ecrans plats (il y en a deux, c'est donc 2 de trop) , et je me suis eventuellement esclaffe de rire devant l'absurde situation de revenir dans ma chambre pour trouver mes articles de toilettes cordes comme pour faire une oeuvre d'art. MAIS: le batiment est hallucinant. Bati en 1903 par la famille Tata (!), un clan Parsi qui est encore parmi les plus riches familles d'Inde, l'histoire dit que le Taj Mahal Hotel est une reaction pour le moins forte a un refus qu'a essuye Mr. Tata de dormir dans un hotel anglais au 19e siecle sous pretexte qu'il etait un "native". C'est veritablement un chateau, avec des couloirs remplis d'oeuvres d'art superbes et des escaliers dignes de Hogwarts. Je n'en finis plus de decouvrir de nouveaux recoins tous plus beaux les uns que les autres. En gros j'ai l'impression de dormir dans un musee. (Quand je reussis a dormir.)

jeudi 14 août 2008

Mumbai la magnifique

Mmmmhh...
Enfin, je sais c'est quoi un Dosa. C'est comme une crepe, assez grande, qu'on remplit avec ce qu'on veut (ici un melange de legumes - patates oignons etc - ) et qu'on garnit de deux sauces, une au yogourt devenu vert avec les epices et l'autre rouge, les deux toutes aussi delicieuses que vous pouvez imaginer...

Ce n'est pas pour rien que l'Inde est souvent citee comme l'endroit ou les gens ont vraiment compris comment utiliser des epices. C'est probablement parce que c'est vrai...

Aujourd'hui j'ai demenage d'un appartement qui m'etait prete par une riche amie parsi de la non moins riche et non moins parsi organisatrice de mon recital. Elle n'etait pas la, c'est une guest house, ce qui veut dire que j'etais seul. Ou presque. Avec les deux bonnes. Une qui est la 24/24, l'autre qui vient le jour. Ce qui voulait dire que je n'avais pas acces a la cuisine, ni au salon le soir car la bonne dormait par terre... autant dire que je vivais dans la chambre les quelques instants que j'etais present. Fort confortable d'ailleurs. (Avez-vous deja dormi sur une vrai futon super sur? Le paradis du reveur...)
Je suis donc descendu comme si de rien n'etait au Taj Mahal Hotel. Ce n'est pas grand chose, a peine l'hotel le mieux cote au monde...
Le taxi n'avait pas eteint le moteur qu'un majordome me saluait d'un "Good day Sir" bien senti. En entrant, je me suis fait accueillir par un autre valet, qui m'a mene a la reception. La on m'a fait asseoir pour me souhaiter la bienvenue. Ensuite, le manager est venu me serrer la main d'une cordialite qui aurait pu paraitre forcee a l'observateur concentre sur ce genre de choses. Je me suis fait escorter jusqu'a ma chambre ou on m'a fait asseoir pour me poser quelques questions du genre: quel journal desirez vous demain matin?
Ensuite un autre quidam vetu d'un costume est venu, lui aussi arborant un sourire qui aurait eu sa place dans The Dark Night, pour m'expliquer les Room Features. Partout des complimentary wine bottle, plates with nuts and fancy chocolates, et aussi en m'offrant du jus fraichement presse, deux verres en fait, un au melon et l'autre a l'ananas. J'ai bien sur pris des photos pour prouver mes dires.

Pris de vagues nausees, je me suis sauve aussitot que j'ai pu (car deux autres personnes sont encore passes me voir, dont le gars avec ma valise - et moi toujours de me demander:: je tippe qui la-dedans? tous?) de cet univers guinde et malheureusement conditionne (car dans le fond, on dort bien dans l'humidite Mumbaienne, quand la temperature reste sous 30 degres) pour retrouver avec plaisir la foule grouillante de la rue. Affame, j'ai erre peu de temps avant de denicher un petit bijou de restaurant ou j'ai mange mon premier Dosa du voyage. Mais ca vous le savez deja.

Sinon, je pratique je pratique et je dors. J'aurai plus de temps pour flaner apres le recital. J'ai reserve des billets pour le concert de Zubin Mehta et le Philharmonique d'Israel, en octobre avant mon retour. Le voyage a ete palpitant, je me reserve ce conte pour plus tard. Je me sens vraiment bien ici... en tous cas jusqu'a maintenant. Le concert est samedi soir, demain je donne 4 heures de masterclasses, et j'ai deja hate au prochain repas.

Aurevoir, et a bientot (prononce avec la meme voix que le gars qui racontait les bouts historiques a la fin des Cites d'Or)

Mathieu

lundi 11 août 2008

La veille du départ

Bon dimanche soir.
Je pars demain pour un périple de deux mois en Inde. 
En IndeS.
Car d'un côté je naviguerai le monde "jet set" du pianiste de concert: hotel payé, salles climatisées, grandes villes, master classes, etc.
De l'autre, la médecine rurale. Pauvreté, chaleur, odeurs, couleurs, malheur, bonheur...
Le monde aseptisé vs le royaume de la bactérie.
Le monde dans lequel je suis stressé mais où je dois toujours sourire vs l'autre monde dans lequel je sais encore si peu, où je peux ne pas sourire, mais, d'une certaine façon, que je trouve plus calme...
J'espère avoir plein d'histoires à vous raconter.

À bientôt!

Mathieu