vendredi 3 octobre 2008

Histoires de train

Sur la plate-forme de la station de Bangalore, le train pour Mysore est en retard. L'impatience de la foule parait seulement lorsque le train entre en gare: les gens se poussent, accrochent les poignees des portes meme si le monstre d'acier n'a pas totalement termine son arret. Puis, on assiste au plus beau phenomene d'entonnoir humain imaginable. Tout pres, un homme engeule sa femme sans menagement parce qu'elle essaie desesperement de se frayer un chemin dans le wagon no. 3 alors qu'ils ont un ticket pour le 8. Normalement les trains se positionnent d'une facon previsible. Celui-ci a rate son coup de 5 wagons, creant ainsi une superbe cohue.

D'une position strategique en retrait, on se demande s'il va falloir passer son tour. Surement il ne restera plus de place, malgre une reservation en bonne et due forme. Pourtant, quand finalement on parvient a atteindre son siege, on s'apercoit qu'il y a encore tout plein de place!

La fille assise en face, accompagnee de ses parents, partage un bon rire. "Indians are very indisciplined. Too many of us" dit-elle joyeusement. Sa famille vit a Chennai et vient a Mysore visiter la famille. Ils sont chretiens, comme beaucoup d'Indiens meridionaux. Ils sont tres sympathiques, rieurs, et genereux. Aussitot que le train quitte la gare, ils demandent si on a mange, pour immediatement offrir un des trois diners qu'ils ont achete a la gare. La joie d'accepter est bonifiee par le succulent chutney a la noix de coco que la mere a apporte dans ses bagages.

Parlant de noix de coco, a-t-il ete dit sur ce blog que l'eau de coco, qui dort dans l'enorme fruit, enfermee dans sa grotte secrete, jusqu'au moment ou d'agiles et impatients vendeurs la decapite de grands coups de machette, est un des grands grands plaisirs de ce voyage. C'est rafraichissant, doux, legerement sucre, desalterant, amusant a boire car on se prend une minute pour tarzan, avec cet enorme objet dans les mains. On sent litteralement la sante nous envahir avec chaque gorgee.

La nuit d'avant, autre train, de Pune a Bangalore. Les trains sont merveilleux. Ce roulement reconfortant, qui ne donne jamais mal au coeur. L'inexorabilite des rails. Et la communaute. Un des acteurs les plus importants de ce spectacle est le vendeur de the, clone en plusieurs exemplaires. Transportant un gros thermos d'eau chaude auquel a ete ajoute un peu de lait et beaucoup de sucre, un sac de petites tasses de carton d'environ 100 ml et des sachets de the, ils se promenent l'un apres l'autre dans les wagons en criant d'une voix tres nasillarde et assez forte: Chaaaaaaiiiiiiiii, coooooffeeeeee, chaaaaaaiiiiiiiii.

Si l'on n'a pas consomme pendant un lapse de temps juge trop long (de 1 a 3 heures), ils s'arretent, vous devisagent en criant plus fort chaaaaaiiiii (d'un vois tres nasillarde).

Ils rythment la vie du train. Quand on ne les entend plus, c'est l'heure de dormir. Quand on les reentend, c'est qu'ils vous ont reveille. Ils n'ont jamais de change (comme d'ailleurs les rickshaws) et accueillent votre billet de 50 Rs avec un long soupir de martyr, au passage vous suggerant d'en acheter 10 tasses a 5 Rs.

Sur le train Pune-Bangalore, un couple dans la quarantaine, une jeune etudiante en soins infirmiers et un sympathique tibetain completent l'espace a partager durant environ 24 heures. Encore une fois, partage, sourires timides, questions naives, decouverte de l'etranger. Toujours a recommencer, mais toujours nouveau. La jeune femme offre des chapatis faits par sa mere. Ce sont des crepes epaisses de farine de ble sans levain. Delicieux. L'occasion de lui donner un coup de main se presente a l'arrivee, car il faut traverser une haute passerelle pour rejoindre la gare. Je lui sers donc de Coolie, pendant qu'un vrai coolie s'occupe de mon elephantesque valise...

Quant aux mendiants, ils sont partout, toujours, sous de multiples formes. Dans le train, on a l'enfant bleme les yeux vitreux, en guenilles, qui a quatre pattes sur le plancher infect (ou on trouve coquerelles ET rats) balaient les dechets des passageurs et au passage demandent l'aumone. On a la femme qui distribue des papiers disant qu'elle est en pelerinage pour un Guru X. On a les enfants qui font des acrobaties de cirque et se ruinent le dos. On a les mutiles de toutes sortes, plus de mains, plus de jambes, plus d'yeux, ou un melange de ces choix.

Curieusement, on a aussi des femmes tres sexy, genre prostituees, qui extremement agressivement tapent fort dans leurs mains, vous accrochent les bras, vous tirent les cheveux, frappent meme parfois certains passagers (toujours les hommes), arborant un air de "comme on ass hole, give me something, I know you're a bastard". C'est vraiment bizarre.

Puis, le comble de l'etrange, considerant qu'on est en Inde, sont ces memes femmes mais travesties. Des hommes en Saree quoi.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Mathieu,

j'ai essaye en vain le numero de cell que tu avais...avant de lire que tu l'avais perdu! Pour ton information ce sont de gentils indiens qui ont le numero maintenant...

donc, je suis presentement a Mumbai...je prend l'avion demain matin. et je crois bien qu"on va se manquer...mais bon au cas ou voici mon no de cell: +9602858665

BOn retour au quebec!

Maude xx
p.s. j'ai essaye de voter de l'etranger...apres 2h au consulat a remplir des papiers et a me trouver une adresse postale, je croise les doigts pour que mon bulletin de vote (en directe du canada) arrive dans les delais...pour ensuite le reposter au Canada! les paris sont ouverts: je pourrai voter ou pas?